« À cet instant je pense à toi » premier des quatorze titres de l’album « les choses défendues » sorti en 2016. Dans ce titre Cali a bien sûr pensé à sa chérie mais il dénonce surtout les moments sombres de l’actualité. Il s’est inspiré des salariés licenciés de Goodyear, de Brandon Jones âgé de 72 ans qui à passé 36 ans dans les couloirs de la mort en Géorgie avant d’être exécuté le 3 février 2016, à son grand-père, ancien des brigades internationales, mort en 1988 avant la chute du mur de Berlin, du jour de la victoire de François Mitterrand le 10 mai 1981 où un ami de son père lui a offert un Ricard, à la fugue de ses 16 ans… Cette énumération d’images nous ramène à la réalité. C’est une succession d’hommages fortement touchants…
À la gloire égarée, au boxeur au tapis
À l’absence qui est trop là, pas si loin de l’oubli
À cet instant je pense à toi
Au vaincu magnifique à genoux qui saigne
Au cynique planqué qui ajoute à sa peine
À cet instant je pense à toi
À la triste beauté passée qu’on n’a pas vue
Au cœur pur en lambeaux et qui se prostitue
À cet instant je pense à toi
Au désespéré fusillé par l’amour
Au perdu, au perdant, je pense à toi toujours
À cet instant je pense à toi
Aux enfants qui courent sur la grève
À leurs pieds nus, au vent qui se lève
À la mer à perte de vue, je pense à toi
Aux amants menottés et qui ne baisent plus
À la FEMEN qui braque du bout de ses seins nus
À cet instant je pense à toi
Au Goodyear qu’on étrangle et qu’on jette en prison
Parce qu’il a mis la frousse à deux ou trois patrons
À cet instant je pense à toi
À toi qui m’as tendu ta joie et ton Ricard
Dans ce café pendu au dix mai de l’espoir
À cet instant je pense à toi
À toi qui n’as pas vu le mur qui s’écroulait
Et puis juste derrière tous tes jouets cassés
À cet instant je pense à toi
À toi qui as goûté ma bouche avec ta bouche
Et qui as guidé mes mains, ma langue et mes doigts
À cet instant je pense à toi
À l’oiseau qui attend les ailes sur les pieds
Que le bateau blessé s’échoue sur les rochers
À cet instant je pense à toi
À toi qui m’as offert ma fugue de seize ans
Mon Dieu pour ce baiser je voudrais mes seize ans
À cet instant je pense à toi
La lumière va s’éteindre ce soir en Géorgie
Tu vas enfin mourir, ils te l’avaient promis
À cet instant je pense à toi
Je veux des bouquets rouges et courir dans les blés
Je veux être ton homme, ton homme à en crever
À cet instant je pense à toi
À cet instant je pense à toi