elle a mal

La  thématique de la violence est familière pour Cali, il l’a déjà évoqué, entre autre, dans  la chanson « Mes Vieux Cinglés » de  l’album « Vernet-les-Bains »  en 2012.

Dans « Elle a mal » titre de l’album les « choses défendues », Cali décrit, sans fard, la violence conjugale.

Inspiré par la  légende du rock, Bruce Springsteen, il raconte avec  précision l’histoire d’une femme battue par son mari. Il a expliqué s’être imaginé  à la façon de  Springsteen, dans la pièce où l’histoire se passe, invisible, témoins de cette scène, il observe et raconte…

Cali ne s’interdit rien, il peut aller très loin dans l’écriture.

Dans ce texte on remarque une pose tendresse : « Alors elle pense à sa grand-mère /A sa peau, c’était doux /Il n’y a pas plus doux qu’une peau de grand-mère /Surtout dans le cou ».

La fin de cette histoire est vécue par beaucoup de victimes . Jusqu’au dernier couplet on comprend que la femme ne quittera pas son mari, la vie continue.

Cette chanson est réaliste : plus de 80% des victimes de violences conjugales se taisent…

Il prend le couteau et il hurle
Il la tient par la gorge
La tête collée sur la table
Elle a mal

Elle est peut-être encore belle
Mais deux traces jaunes et bleues lui bandent les yeux
Allongée sur la table
Elle a mal

Il n’a plus le même visage
Celui qu’elle a aimé la première fois
Non ce sont d’autres yeux
Qu’elle ne connaît pas

Une autre bouche, d’autres doigts
Qui lui serrent le cou
D’autres mains qui lui font mal

Il la cogne encore un moment
Et il hurle encore un moment
Sur la joue, dans le ventre, derrière la tête
Elle a mal

Et puis il se met en boule sur le sol comme ça
Et puis il gémit et il pleure tout bas
Il lui dit qu’il l’aime
Elle a mal

Elle est vivante
Le calme est revenu
Elle est vivante
Mais ça ne se voit plus

Elle ne dira rien
Elle le prendra dans ses bras
Elle ne dira rien encore une fois

Allongée sur la table
Ses petits poings serrés comme si elle retenait du sable
Elle fixe le plafond
Elle pleure sans pleurer

Alors elle pense à sa grand-mère
A sa peau, c’était doux
Il n’y a pas plus doux qu’une peau de grand-mère
Surtout dans le cou

Elle reconnaît ce visage
C’est le même que la première fois
Elle a aimé ce visage, cette bouche
Ces yeux, ces doigts

Maintenant elle sourit
Autour de son cou
Sa petite croix est toujours là
Elle est vivante
Ils pleurent tous les deux
Elle le prend dans ses bras

https://www.violencequefaire.ch/ 

Cali Elle a mal Puygouzon 2017

je ne te reconnais plus

Quand il chante Je ne te reconnais plus (titre de l’album l’espoir) avec Olivia Ruiz, Cali  dénonce autant l’amour déçu que la France d’aujourd’hui.

l’album a été, en partie, réalisé par Mathias Malzieu (chanteur de Dionysos), il  n’a pas pu s’abstenir  de jouer du  ukulélé sur ce morceau.

La musique  à une rythmique groove rap limite hip hop nonchalante….elle  accentue le poids des mots pour nous permettre de nous rendre compte de la méchanceté des paroles.

Cette chanson s’apparente à  tu te laisses aller de Charles Aznavour où le mari dit les pires choses à sa femme.

CALI et OLIVIA RUIZ
CALI et OLIVIA RUIZ

Je ne te reconnais plus, ton allure et tes faux seins
Quand tu descends notre rue
Tu apprends à écrire maintenant, de la main droite il parait
Tu écoutes le jazz maintenant, juste pour être accepté
Dans ce genre de soirée

Je ne te reconnais plus, tu as même changé la façon
De tenir ta cigarette
Ton père était un maçon, ta mère continue ses ménages
Leur as-tu caché ça aussi ?
Iras-tu vomir à la fin du repas, juste pour garder ta ligne
Dis moi, as-tu honte aussi de moi?

Je ne te reconnais plus, je m’en fout de toute façon
J’ai le souvenir de cette fille, plate comme un jeune garçon
Un peu gauche et qui insultait, le monde entier quand elle avait trop bu
Je me souviens je l’aimais, je ne la reconnais plus

 

L’Espoir

« L’Espoir », chanson-titre du 3e album  de Cali sorti le 4 février 2008 produit par Mathias Malzieu (Dionysos) et Scott Colburn  (Arcade Fire) . C’est un morceau  politique mais aussi poétique écrit après un rassemblement du « KO Social » place de la République à Paris avec les Têtes Raides, Dionysos, Louise Attaque…Cali a su faire briller  aussi bien musicalement que littérairement le feu qui brûle en lui avec dans la tête l’âme de Léo Ferré.

Le  guitariste Pedro Soler, ainsi que l’ artiste de flamenco Lorenzo Ruiz  et la  voie  de Clara Tudela ont participé à cette chanson.  « Dans le ventre des espagnoles, il y a des armes » (Léo Ferré).

Cali a la rage pour son pays…

 

Cali L'Espoir
Cali L’Espoir

L’espoir est dans la rue
La victoire au bout de la fleur
Dans ton ventre pousse un arc-en-ciel
Avec la gueule ouverte droit devant, droit devant

Ils ne te font plus peur, les voleurs, les imposteurs, les assassins de joie
Vous vous tiendrez la main
Jusque là, jusque là, jusqu’à tomber les murs
Avec vos dix-sept ans et puis ce nouveau jour
Juste au bout de vos doigts
L’espoir c’est cette boule délicieuse
Qui nous bouffe le ventre cet énorme soleil
Quand j’entends près de toi tous ces milliers qui chantent
Aux étoiles, aux étoiles

Je viendrai avec toi patiner vers l’amour
Je viendrai pour toujours chercher mes dix-sept ans
Au coeur de ton espoir frais comme au petit jour
L’espoir est là partout, l’espoir

Et je viendrai sourire et pleurer près de toi
Avec le poing serré je goûterai la joie
En diamant pioché dans tes yeux plein d’amour
Et plein de dix-sept ans

Tu es l’espoir ne lâche rien, jamais
Ils plieront effrayés, sous ta beauté, sous ton rire
Et sous tes cris qui montent de la rue jusqu’à l’éternité
Qui monteront toujours
Et je renifle heureux comme un chien magnifique,
La poussière d’étoiles que tu sèmes si fier
Dans mon coeur et tout autour, l’espoir
L’espoir est là toujours

A genoux l’horreur, à genoux les voleurs de joie
La jeunesse est bien là
Et tu dois t’effacer, ce jour n’est plus à toi
L’espoir est un drapeau planté dans tes entrailles

L’espoir est dans la rue
La victoire au bout de la fleur
Dans ton ventre pousse un arc-en-ciel
Avec la gueule ouverte droit devant, droit devant
Ils ne te font plus peur les voleurs, les imposteurs, Les assassins de joie
Vous vous tiendrez la main Jusque là, jusque là
Jusqu’à tomber les murs avec vos dix-sept ans
Et puis ce nouveau jour juste au bout de vos doigts

Montréal 4.am

L’album « les choses défendues » se termine  magnifiquement par « Montréal 4 a.m. »  Une chanson aussi poignante que troublante : On imagine un homme seul dans un bar perdu, entouré d’un paysage de neige, qui regarde s’éloigner dans un autocar la personne qu’il aime et qu’il va sans doute perdre…En écoutant le titre nous avons l’impression de vivre cette scène. La texture de la voix est singulière à la fois haute et douce.  Cali raconte que pendant l’enregistrement de cette chanson avec son dictaphone ses enfants dormaient juste à côté de lui et il ne voulait pas les réveiller….Cette ballade crépusculaire  nous rappelle une mélodie de Christophe et nous ressentons toute l’émotion d’un artiste fragile, sensible et  à fleur de peau.

Le piano à la fois puissant et délicat, participe réellement à la réussite de ce titre.

Que ce soit la musique ou la voix, cette chanson se démarque du répertoire du chanteur, elle nous surprend un peu plus à chaque écoute.

Cali Montréal 4.am

T’es monté dans le bus qui part là-bas
T’es plus qu’un point qui brille dans le froid
Je ne craignais rien
Je pensais pouvoir tout supporter
Mais cette lumière qui s’en va dans la nuit à jamais

Je t’imagine le nez sur la vitre collé
Tu regardes la première neige magnifique tomber
Autour de toi des fantômes vont peut-être lire
Puis d’autres fantômes essayer de dormir
Au fond de ma veste
Ta préférée, tes clés
Il est encore tôt j’ai besoin d’un café
Tout au bout de la rue clignote une lumière bleue
Je vais aller là-bas me réchauffer un peu

Je pensais pouvoir tout supporter
Mais cette lumière qui s’en va dans la nuit à jamais

Je t’imagine écouter le bruit du moteur
Et la vieille radio sous les pieds du chauffeur
Et le bus qui écrase la neige lentement
Et la route toute droite qui s’étire devant
La serveuse est belle elle sourit sans arrêt
Il y’a quelqu’un quelque part qui sait comment l’aimer
Dehors des bruits de pelle il fait presque jour
Je voudrais rester là dans ce bar pour toujours

Au fond de ma veste
Ta préférée, tes clés
Avec le bleu qui clignote dehors
La neige fait semblant de bouger
Je ne craignais rien
Je pensais pouvoir tout supporter
Mais cette lumière qui s’en va dans la nuit à jamais

Je pensais pouvoir tout supporter
Mais cette lumière qui s’en va dans la nuit à jamais

Dehors des bruits de pelle il fait presque jour
Je voudrais rester dans ce bar pour toujours

C’est quand le bonheur ?

L’album « L’amour parfait » voit le jour le 19 août 2003 sous la direction du producteur américain Daniel Presley. Il contient plusieurs titres qui deviendront des tubes : C’est quand le bonheur ?, Pensons à l’avenir, Elle m’a dit…. Cali obtient  le prix Vincent-Scotto de la SACEM pour « C’est quand le bonheur ? ». Les radios adoptent très vite ce titre, transformant cette chanson en un hymne pour beaucoup de trentenaires en perte d’illusions.  Cette chanson demeure aujourd’hui comme le titre phare de sa discographie.  La musique  avec ses notes de piano empressées, son violon sensible, définit au mieux l’art de  Cali, le mélange du rock et  de la mélancolie.  Les couplets ont été écrits deux ans avant le refrain. Le titre  est répété 24 fois, un titre emblématique pour la radio…. « C’est quand le bonheur ?  » fêtera ses 15 ans d’existence cette année …

Je suis pendu à vos lèvres
espérant le mot
espérant le oui
qui sauverait ma vie

je suis pendu au téléphone
mais qu’y a-t-il de plus moche
un téléphone aphone qui sonne
et personne qui ne décroche

je suis pendu à votre cou
dans le plus beau de mes rêves
mais je ne me réveille jamais près de vous
et j’en crève

je suis pendu sous vos fenêtres
au pied de l’arbre peut-être demain
la petite fleur qui va naître
vous racontera mon chagrin

c’est quand le bonheur ? {x8}

je suis pendu à cet espoir
que vous m’avez soldé
je suis presque sûr l’autre soir
c’est moi que vous avez regardé

je suis pendu par les pieds,
tout rouge et le souffle coupé
à chaque fois que le hasard
me dépose devant votre nez

je suis pendu à la cravate
dans mon costume croque macchabée
il parait que vous faiblissez
devant les hommes bien habillés

je suis tendu c’est aujourd’hui
que je viens vous offrir ma vie
peut-être oserais-je parler
à quelqu’un d’autre qu’à mes pieds

c’est quand le bonheur ? {x8}

et puis ce goût amer
est venu tapisser ma bouche
je viens de conquérir son coeur
mais c’est louche

car qui mieux que ses vieux amants
sait qu’on perd l’amour
aussitôt qu’on le gagne
décidément c’est pas facile tous les jours

c’est quand le bonheur ? {x8}

Giuseppe et Maria

Giuseppe et Maria est la 10 ème chanson de l’album « l’espoir » de Cali. C’est un hommage à ses grands- parents.

Cali est le petit-fils de Giuseppe Caliciuri, qui avait dû fuir l’Italie de Mussolini pour s’engager en 1936 dans les Brigades Internationales et se battre contre Franco en Espagne.  Il rencontre sur le front une infirmière Espagnole du nom de Maria… Lorsque les Franquistes prennent le pouvoir, la famille Caliciuri,  doit  s’exiler. Ils quittent l’Espagne pour rejoindre la France. Cette histoire a inspiré Cali pour écrire « Giuseppe et Maria ». Cette chanson est écrite sous forme de poème. Pour la musique, Cali a choisi la sobriété pour insister sur l’importance du texte . Cette musique lente et douce s’harmonise très bien aux sujets de la guerre et de l’amour.

À l’occasion du 80e anniversaire de la création des Brigades Internationales, les Éditions du Caïman publient un recueil intitulé «  Brigadistes »  ! Cali a imaginé  la lettre qu’écrivit Maria, sa grand-mère, à son mari blessé sur le front de Brunete. « je rêve oui je rêve. Que tu es là, debout au pied de ma couche … ».

Cette histoire  le chanteur est allé la  raconter à la faculté de Nantes, le 27 novembre 2017. Il reviendra à Nantes le 30 mars 2018, à Graslin, dans le cadre du Festival du cinéma espagnol pour  un concert.

CALI Giuseppe et Maria à Agen
CALI Giuseppe et Maria à Agen

À chaque instant ils pourraient arriver, ils pourraient nous surprendre
Enlacés comme ça, ton visage a changé pendant la nuit mon ange
C’est cette putain de guerre qui t’a donné trente ans
Relève-toi, ne pleure plus, il faut fuir maintenant
C’est cette putain de guerre qui t’a donné trente ans
Ne pleure plus, prends les gosses sous le bras et vas-t’en

Laisse les photos sur la cheminée, qu’ils voient le bonheur qu’ils déchirent
Rejoins vite le troupeau des veuves qui grimpent la colline du village martyre
Et vos hommes tiendront, ils tiendront, jusqu’au bout
Plutôt mourir debout que vivre à genoux

Oui, j’ai envie de toi, comme c’est étrange d’imaginer
C’est peut-être la dernière fois…
Oui, je veux te suivre tout là-haut encore une dernière fois
Mon amour je garderai cette nuit dans le ventre
Et tes seins sous ta chemise qui dessinaient ta respiration
Et mes mains sur ta peau qui n’étaient plus les mains fatiguées d’un maçon

Tu sais mon ange, je garderai ces moments dans le coeur
Quand tu hurlais, pour rien, au bonheur
Et les enfants riaient, et le jardin en friche il riait lui aussi
Mon Dieu, tu étais belle

Et j’entendrai vos voix, pendant le dernier souffle je garderai tout ça
La mort ne fait plus peur, comme j’ai de la chance de partir amoureux de toi
Ils me fusilleront peut-être derrière la maison
De chacune des plaies coulera notre amour
Ils me fusilleront derrière la maison
Et c’est à cet endroit que Giuseppe et Maria s’aimeront pour toujours

Si tu entends hurler, au loin, surtout ne te retourne pas
C’est le cri de l’espoir qui monte, qui monte, qui montera là-bas
Etreins fort les enfants et dis-leur que leur père est parti amoureux
Et que tu seras forte, et que tu seras belle, que tu les aimeras pour deux
Et que tu seras forte, et que tu seras belle, que tu les aimeras pour deux

1000 coeurs debout

1000 coeurs debout est une chanson de l’album « L’espoir »  sorti le 4 février 2008 et produit par Mathias Malzieu et Scott Colburn.  1000 coeurs debout est aussi un DVD musical de Cali sorti en 2008. Le concert, réalisé par Didier Poiraud, a été enregistré le 14 mai 2008 à Nantes. Le clip réalisé par Martin Fougerolles a été tourné au Campo Santo à Perpignan. Situé au sud de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste , le Campo Santo (ou cloître Saint-Jean) est un cimetière de plan carré, datant du début du 14ème siècle. C’est l’un des plus anciens cimetières de France. 1000 fans ont vécu un moment exceptionnel en participant au tournageCette chanson est souvent chantée pendant les manifestations. Elle est devenue  inéluctable à chaque concert de Cali….

Cali reprendra, avec 1.800 collégiens limousins, une partie de son répertoire sur la scène du Zénith de Limoges, les 14 et 15 juin prochains (1800 coeurs debout)

 

Est-ce que tu vois, toi aussi, quand tu fermes les yeux, quand tu serres le poing,
Haut vers le ciel, est-ce que tu sens l’odeur délicieuse de la liberté
Quand tu craches des soleils, la tête haute, dans le vent, quand tu chantes à tue-tête
A l’amour qui revient, couronné de lauriers

Nous sommes des milliers, un fleuve extraordinaire
Notre force est sublime, elle emportera tout
Et s’ils essaient encore ils se frotteront à mille coeurs debout

Le combat a fait rage, le combat était dur, il a fait des ravages
C’est écrit sur les rides de nos pères ivres de fierté, ils n’ont rien lâché, jamais
Il y a là la victoire qui nous tend des bras d’or
Et puis ces rues qui chantent et ces drapeaux dehors
Je te prendrai la taille et puis nous goûterons à ces instants de vie

Nous sommes des milliers, un fleuve extraordinaire
Notre force est sublime, elle emportera tout
Et s’ils essaient encore ils se frotteront à mille coeurs debout

Est-ce que tu entends l’écho noir du naufrage,
Quand la nuit gémissait, on rampait sous la peur
Et la douleur des autres nous tenait éveillés
Est-ce que tu te souviens de l’enfant africain qui vivait en dessous
De ses parents raflés
Des fusils de la honte qui encerclaient nos écoles, je n’oublierai jamais

Nous sommes des milliers, un fleuve extraordinaire
Notre force est sublime, elle emportera tout
Et s’ils essaient encore ils se frotteront à mille coeurs debout

Est-ce que tu vois, toi aussi
Quand tu fermes les yeux, quand tu serres le poing
Haut vers le ciel, est-ce que tu sens l’odeur délicieuse de la liberté

 

 

Je sais

« Je sais », titre de l’album Menteur. Des paroles magnifiques et la douce voix de Cali qui chante la détresse.  Nous pouvons penser que Cali  interprète la mort de sa mère lorsqu’il avait 6 ans. Il répète « Je sais  » mais nous comprenons qu’ en fait il ne sait pas…. On ressent la descente aux enfers progressives, le chagrin, la souffrance, l’impuissance. L’accompagnement remarquable et monotone  au piano accentue la douleur.  Dans son roman « seuls les enfants savent aimer » nous retrouvons des phrases qui font ressentir ce sentiment d’incompréhension : « Mireille,  je sais que c’est toi maman, mais « décédée » ça veut dire quoi ? » p. 20, « Mais tout ça, c’est normal maman, c’était à cause de ta maladie. » P. 16,  » En moi il n’y avait qu’un mot : pourquoi?  » P. 78

Cali
Cali

Je sais son regard blanc sur son lit mortuaire
Et l’épée de poison qui transperça mon père
Je sais les dos voûtés sous les tristes nouvelles
Et je sais les bruits sourds je sais les coups de pelle
Je sais les voix fanées qui s’habillent d’excuses
Et celles trop huilées emmaillotées de ruses
Je sais les longues nuits à courtiser la mort
Pendu aux mots blanchis à la chaux du remord

Mais ne me demande pas
Pourquoi elle s’en va
Je ne sais pas

Je sais tous les amis qui se troquent des rêves
Aux bras de mots jaunis au goulot où l’on crève
Je sais toutes ces heures enfilées en collier
Qui oeuvrent pour la mort sans vraiment s’en douter
Et je sais que la pluie ne lave rien du tout
Qu’elle aide juste notre ennui à tenir jusqu’au bout
Je sais ces heures lentes qui gravissent la nuit
Et la lune élégante qui de travers sourit

Mais ne me demande pas
Pourquoi elle s’en va
Je ne sais pas

Je sais qu’il manquera toujours quelqu’un en bout de table
Et je sais oh combien tu étais désirable
Je sais la solitude et ce goût de sang dans la bouche
La misérable habitude de finir seul dans sa couche
Je sais les tours joués par le goût de l’impossible
Je sais l’amour qui meurt dans des souffrances horribles
Je sais qu’à trop se retourner on tourne le dos au bonheur
Le reflet du visage déformé dans un lac de douleur

Je sais les pieds gonflés à courir après un salaire
Je sais les coeurs rouillés qui ne partiront plus en guerre
Je sais les doigts transis qui ne serrent plus en poing
Et je connais l’amour terroriste poseur de bombes ou de lapins
Je sais ces grises épaves qui bavent sur la vie
Et leur sourire grave vissé par le mépris
Je sais ces nuits rassises où le sommeil nous laisse
Seuls avec nos pires ennemis et criblés de détresse

Mais ne me demande pas
Pourquoi elle s’en va
Je ne sais pas
Je ne sais pas

L’âge d’or

« L’âge d’or » clôture le 6 ème album de Cali. Ce titre emprunté à Léo Ferré, est une chanson d’utopie pleine d’espérance composée pendant l’été 1959. Il apparaît sur l’album « 1913-19… » . L’âge d’or c’est une façon d’exprimer que le meilleur reste à venir, c’est une rare chanson lumineuse et optimiste de Léo. En 2008, Cali sortait déjà un album intitulé « l’Espoir » en hommage à l’auteur compositeur. Pour lui c’est le Beethoven du XX ème siècle…

 

L'âge d'or Cali
L’âge d’or Cali

Nous aurons du pain,                Nous aurons des lits
Doré comme les filles                Creusés comme des filles
Sous les soleils d’or.                   Dans le sable fin.
Nous aurons du vin,                   Nous aurons des fruits
De celui qui pétille                      Les mêmes qu’on grappille
Même quand il dort.                   Dans le champ voisin.
Nous aurons du sang                  Nous aurons, bien sûr,
Dedans nos veines blanches    Dedans nos maisons blêmes,
Et, le plus souvent,                      Tous les becs d’azur
Lundi sera dimanche.                 Qui là haut se promènent.
Mais note âge alors                      Mais notre âge alors,
Sera l’âge d’or.                               Sera l’âge d’or.

 

Léo Ferré 1916-19...
Léo Ferré 1916-19…

                               Nous aurons la mer
                               À deux pas de l’étoile.
                               Les jours de grand vent,
                               Nous aurons l’hiver
                               Avec une cigale
                               Dans ses cheveux blancs.
                               Nous aurons l’amour
                               Dedans tous nos problèmes
                               Et tous les discours
                               Finiront par « je t’aime »
                               Vienne, vienne alors,
                               Vienne l’âge d’or.

Annie Girardot

« Annie Girardot », septième chanson de l’album « les Choses défendues » de Cali (2016). Le sujet de cette chanson n’est pas l’actrice Annie Giradot. Cali raconte le jour de l’enterrement de sa mère. Il se souvient du regard de son père qu’il compare avec celui d’Annie Girardot dans le film de Claude Lelouch « un homme qui me plaît ». L’actrice attend son amant ( Jean-Paul Belmondo) dans un Aéroport. Celui-ci n’arrivera jamais… « Je ne vais pas mourir tout de suite ou bien je vais mourir jusqu’au bout » : cette phrase, souvent prononcée par son père, raisonne dans la tête du chanteur. Nous retrouvons  ces mots dans le roman de Cali « Seuls les enfants savent aimer » : « Je ne vais pas mourir tout de suite mais je vais mourir jusqu’au bout. Depuis que papa a prononcé cette phrase devant votre lit, je la vois ricocher contre les murs, tous les murs »

Julien Lebart, Alain Verderosa, Cali
Julien Lebart, Alain Verderosa, Cali

Nous étions tous allongés
Les quatre enfants autour de leur père
Les volets étaient tirés
Seules quelques larmes de jour osèrent
Se glisser dans la chambre froide et triste
C’était deux jours après
C’était un 5 janvier
Nous étions tous les cinq allongés

Mon père nous rassembla
Avec ses deux bras très forts
Il ne parlait pas perdu comme
Annie Girardot à l’aéroport
Nous pleurions tous les cinq
Enlacés sur leur lit
Un fagot de chagrin
Jeté sur leur grand lit
Il venait d’enterrer sa femme
En début d’après-midi

Je ne me souviens pas des quelques mots
Qui ont réussi à sortir de sa barbe
C’était peut-être de jolis mots
Je ne me souviens que de sa barbe
Je ne vais pas mourir tout de suite
Ou bien je vais mourir jusqu’au bout
Je ne me souviens plus de ses mots
Ni de grand-chose
Moi, j’étais glissé en dessous

Nous pleurions tous les cinq
Enlacés sur leur lit
Un fagot de chagrin
Jeté sur leur grand lit
Il venait d’enterrer sa femme
En début d’après-midi
On ne se rappelle pas de tout
Mais jamais on n’oublie