Poppée

« L’Âge d’or » , sixième album de Cali dont le titre est un hommage à la chanson de Léo Ferré

La chanson Poppée est dédiée à sa deuxième fille.

C’est une chanson douce,  rafraîchissante, émouvante.

Cali décrit ici, avec une grande poésie, le fait de découvrir un nouveau né, l’extase d’un papa à l’arrivée d’un nourrisson dans sa vie.  En écoutant ce morceau, nous pouvons imaginer  le bonheur du père, à genoux, devant sa princesse.

Le son du  piano (enregistré par Steve Nieve) est assourdi, cotonneux. Il fait bien penser au bonheur familial dans lequel elle arrive.

Juste avant dans l’album, nous pouvons écouter l’instrumental « Poppée in utero » que David François Moreau, le réalisateur de l’album, qui est compositeur de musiques de films et de ballet,  a écrit comme une bande originale d’échographie. Dans ce morceau nous pouvons, en autre, entendre chantonner  Coco, première fille du chanteur.  Coco qui chante en duo avec son papa la chanson de l’album qui porte son nom.

« Poppée » est suivie de la dernière  chanson de l’album :  l’âge d’or qui décrit le rêve du renouveau. C’est une des rares chansons de Léo Ferré très positive.

T’as l’visage qui plie comme un bandonéon
Quand tu souris aux anges t’es si belle j’suis si con
Poppée
T’as l’visage qui s’ouvre comme la mer y a longtemps
Quand tes brillants découvrent
Ce soleil qui est si grand
Poppée
Toi t’as planté ton camp entre tes deux parents
Dans un lit bien trop grand où deux vieux paresseux
Poppée
S’endorment juste avant d’être encore amoureux
C’est pas qu’tu prends d’la place dans ton lit tu s’rais mieux
Poppée
Cet amour qu’était là au bout de notre fusil
J’étais prêt à tirer, je jure qu’elle aussi
Poppée
Et puis t’es venue donner à boire à nos chevaux
Dans cette nuit sans lune au bout de notre rouleau
Poppée
Quand je plante mon nez dans ton cou ma Poppée
Comme dans un verre à pied
Je renifle l’odeur de ta robe fruitée
Et ça pique sous mes paupières Poppée
Et le bonheur qui coule alors dans mes ruisseaux
M’arrache à cet instant à cette vie de salaud
Toi tu marches à quatre pattes, moi je tiens plus debout
Dans tes cheveux en soie, y a du blond, y a du roux
Poppée
Y’ a la carte du monde dessinée dans tes mains
qui viennent se râper à ma barbe du matin
Poppée
Et sur ce ring doré où j’ai pris trop de coups
Je m’écroule mais je ne te lâcherai pas mon petit bout
T’es belle comme une prière, t’es belle sans l’faire exprès
J’te regarde à genoux, tu m’regardes étonnée
T’as le visage qui se plie comme un bandonéon
Quand tu souris aux anges t’es si belle je suis si con

Mille ans d’ennui

Titre de l’album « La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur » sorti en 2010.

Dans « Mille ans d’ennui », un homme est attristé de voir son amour de jeunesse délaisser, détruite par son mari.

La chanson démarre par un piano guilleret et une rythmique enjouée, cette chanson invoque pourtant un thème désolant : les femmes victimes de violence.

La force des cuivres donne à ce morceau un engagement à déplorer cette situation.

Le vocabulaire est puissant et violant, il ne laisse pas de doute sur la colère et les remords de l’ami d’enfance.

Le style est très proche de celui de Léo Ferré.

Tu prenais ce malin plaisir
A passer et repasser nue, devant la fenêtre
Et moi, je t’épiais de la maison d’en face,
Si jeune bouillonnant, et ma vie qui arrivait
Je t’espionne aujourd’hui encore de temps en temps
Seul et sans amour
Mais je crois que c’est ta fille que j’aperçois là-bas
Tu ne peux plus être si belle

Mille ans d’ennui
Mille ans à pleurer dans la cuisine
Les mains brisées dans l’ignoble vaisselle
Dis-moi si ta vie doit ressembler à ça
Et de ma propre main, j’abattrais ton mari sur le champ
Le salop qui t’a creusé les joues
Et ôté toute envie d’être belle

Quand ta bouche avait encore mille chansons
Et ton cœur mille projets
Il t’a cueilli le salopard
Et de tes vingt prinptemps il a tout défriché
Il n’a laissé que l’ombre d’une fleur désolée
Il n’a laissé que l’ombre d’une fleur

Nous pleurions sur tout ça
L’autre soir avec d’autres tristesses
Etalant nos peaux mortes sur l’immortel comptoir
Nous autres qui aurions pu t’offrir la vie dorée
A toi la plus belle fille de toutes nos jeunesses
Toi que l’on voit vieillir avec le cœur si noir

Tu prenais ce malin plaisir
A passer et repasser nue devant la fenêtre
Et moi, je t’épiais de la maison d’en face
Si jeune, bouillonnant, et ma vie qui arrivait
Je t’espionne aujourd’hui encore de temps en temps
Seule et sans amour
Mais je crois que c’est ta fille que j’aperçois là-bas
Tu ne peux plus être si belle

Je te veux maintenant

« Je te veux maintenant » est le deuxième extrait de l’album « La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur »  sorti en novembre 2010.
Cali, le poète sentimental,  est dans la peau un homme amoureux, qu’on imagine rejeté par sa femme. Il utilise des mots durs, poignants, douloureux.
La référence à Léo Ferré renforce l’image de la nostalgie « viens que l’on réveille ce vieux Léo Ferré ».
Le tempo est lent et nous berce jusqu’à nous faire ressentir sa souffrance.
Ce titre nous séduit de par sa mélodie ainsi que par ce style si particulier.
Un clip avec Margot Abascal et Frédéric Andrau réalisé par Diastème,  illustre cette chanson.

Viens, attrape ma main, arrache-toi à ta mort quotidienne
Mon vieil amour qui ne voit plus devant
Qui n’a plus que ma main pour mourir dans la tienne
Viens attrape mes yeux comme avant, comme avant
Viens, hisse-toi à bord du beau miraculé
Cet amour qui a tout traversé
Ma vieille soeur qui boite et ne s’aperçoit plus
Des arbres tous brûlés et des oiseaux déçus.
Je te veux, je te veux, maintenant
Mon amour, je te veux maintenant
Je te veux, je te veux, maintenant,
Mon amour, je te veux comme avant
Viens que l’on réveille, ce vieux Léo Ferré
Serrons-nous dans sa nuit, et tournons, et tournons
A la voix du chien fou qui hurle pour damner
Nos fils et nos filles jusqu’à l’éternité
Viens t’allonger tout près, je suis ton dernier mort
Ferme les yeux ma douce et rappelle-toi
Tous les gestes brûlants, rappelle- toi encore
Ma bouche crépitant dans ton ventre amoureux
Je te veux, je te veux, maintenant
Mon amour, je te veux maintenant
Je te veux, je te veux, maintenant
Mon amour, je te veux, comme avant
Faisons l’amour encore en nous tenant la main
Mes yeux sont des putains qui n’ont fait le trottoir
Qu’avec toi dans le coeur
En partant la beauté n’a pas pillé l’amour,
mon amour
Je te veux, je te veux, maintenant,
Mon amour, je te veux maintenant,
Je te veux, je te veux maintenant,
Mon amour, je te veux comme avant
photo de Mathieu Morelle

Ostende

« Ostende », titre de l’album  « l’âge d’or » de Cali. Cette chanson piano/voix est très poétique, elle  décrit le sentiment que Cali a eu en se promenant sur la plage de la ville Flamande. Il lui parle, se confie, se sent apaisé. L’accompagnement piano est joué et co-écrit  par le réalisateur de l’album, David François Moreau. Cette musique nous transporte , comme le mouvement des vagues … .  Cette ville a été beaucoup chantée notamment par Léo Ferré en 1960, sur des paroles de Jean-Roger Caussimon « comme à Ostende ».

Ostende
Comme une amante clandestine, tu n’as pas reconnu mes yeux
Mais tu as reconnu mon spleen
Et tes moutons glacés qui venaient se moucher dans nos pieds
Et ton vieux casino qui faisait le guet
Et même cachés tout au bout encore il nous épiait
J’ai croisé tous mes fantômes qui me manquent partout toujours
S’il fallait mourir un soir, un jour
Ce serait sous ta robe grise et verte autour

Ostende
Mon ancre est accrochée au ventre de la vieille catalogne
Qui saigne rouge brique et mon coeur mouille à jamais
Au fond de cette fin d’après midi où tu m’as pris le coeur du bout de ta Belgique

Ostende
Tu étais pâle et fragile comme un enfant malade
J’ai gardé le tissus de brume qui couvrait tes épaules
Au fond de ma mémoire, de tes yeux la lumière,
Est celle du casino tourné vers l’Angleterre.

Je me souviens de ce silence, de la vague qui va, qui vient,
Celui qui laisse un musique longtemps après même très loin,
Et puis de cet ami qui me regardait heureux
De me voir à tes pieds, s’il te suit jusqu’à Ostende,
Cet ami là c’est pour de vrai

Ostende
Comme une amante clandestine, tu n’as pas reconnu mes yeux
Mais tu as reconnu mon spleen
Et tes moutons glacés qui venaient se moucher dans nos pieds
Et ton vieux casino encore nous observait

L’âge d’or

« L’âge d’or » clôture le 6 ème album de Cali. Ce titre emprunté à Léo Ferré, est une chanson d’utopie pleine d’espérance composée pendant l’été 1959. Il apparaît sur l’album « 1913-19… » . L’âge d’or c’est une façon d’exprimer que le meilleur reste à venir, c’est une rare chanson lumineuse et optimiste de Léo. En 2008, Cali sortait déjà un album intitulé « l’Espoir » en hommage à l’auteur compositeur. Pour lui c’est le Beethoven du XX ème siècle…

 

L'âge d'or Cali
L’âge d’or Cali

Nous aurons du pain,                Nous aurons des lits
Doré comme les filles                Creusés comme des filles
Sous les soleils d’or.                   Dans le sable fin.
Nous aurons du vin,                   Nous aurons des fruits
De celui qui pétille                      Les mêmes qu’on grappille
Même quand il dort.                   Dans le champ voisin.
Nous aurons du sang                  Nous aurons, bien sûr,
Dedans nos veines blanches    Dedans nos maisons blêmes,
Et, le plus souvent,                      Tous les becs d’azur
Lundi sera dimanche.                 Qui là haut se promènent.
Mais note âge alors                      Mais notre âge alors,
Sera l’âge d’or.                               Sera l’âge d’or.

 

Léo Ferré 1916-19...
Léo Ferré 1916-19…

                               Nous aurons la mer
                               À deux pas de l’étoile.
                               Les jours de grand vent,
                               Nous aurons l’hiver
                               Avec une cigale
                               Dans ses cheveux blancs.
                               Nous aurons l’amour
                               Dedans tous nos problèmes
                               Et tous les discours
                               Finiront par « je t’aime »
                               Vienne, vienne alors,
                               Vienne l’âge d’or.